Vincent Ecrepont

Vincent Ecrepont

Après des études universitaires à Lille, le parcours artistique de Vincent Ecrepont débute par l’apprentissage et la pratique du métier d’acteur au Conservatoire Supérieur de Grenoble, notamment auprès de Chantal Morel. Dix ans sur scène lui permettent de donner à voir et à penser le théâtre dans ses multiplicités de formes et de propos.

La maturité d’homme nourrissant celle de l’acteur, il fait ensuite le choix de donner à entendre des textes qui fassent écho à ses propres expériences et interrogations.

C’est donc tout naturellement qu’il s’oriente vers le travail de mise en scène et d’écriture. En 1998, il décide de franchir le pas et de créer sa propre compagnie, la compagnie à vrai dire implantée dans les Hauts-de-France.

Une façon de pouvoir dire ce qui l’affecte ou le révolte dans le monde d’aujourd’hui. Une façon également d’inviter le public à s’interroger sur ce qui lui importe au quotidien.

Car c’est un théâtre qui questionne intimement l’humain et la manière dont il entre en relation avec lui et les autres qu’il défend : ses espoirs, ses échecs, ses réalisions, ses dérives…

Voilà pourquoi, il fait le choix de défendre un théâtre résolument contemporain avec des auteurs aussi différents que Jean-Luc Lagarce, Lars Norén, Jean Genet, Philippe Dorin ou Jean-Claude Grumberg.

C’est également un théâtre engagé dans son époque que la compagnie à vrai dire a décidé de défendre autant au travers des textes qu’elle donne à entendre que dans leurs modes de transposition au plateau. Un théâtre de pensée qui n’a aucun message à délivrer mais qui invite le spectateur à questionner le sens qu’il donne à ses choix.

Un théâtre de l’intime qui interroge donc chacun sur ses priorités de vie, qui interroge aussi la société actuelle. Dans ces temps difficiles que traversent la culture, le lien social et l’altérité, plus que jamais la compagnie à vrai dire revendique un théâtre qui résiste à la facilité d’un « prêt-à-penser ».

Un théâtre qui défend une création contemporaine, une action culturelle à dimension humaine, tout comme un modèle d’entreprise artistique indépendante, artisanale et professionnelle à la fois.

C’est cette même dynamique qui sous-tend son travail d’auteur et qui a animé le désir d’écrire La chambre 100, À ma place, les interrompus et Être là. Engagé depuis toujours dans une recherche d’écriture personnelle, il mène par ailleurs depuis plus de dix ans des ateliers d’écriture et de pratique théâtrale auprès de personnes dont la privation de la parole redonne tout son sens à sa retransmission.

C’est ainsi qu’il travaille en étroite collaboration avec différents centres pénitentiaires et hospitaliers.

Vincent Ecrepont se sent proche des propos de Fabrice Melquiot qui cite souvent une phrase de Kafka : « Si l’on n’est pas capable de donner du courage, alors il faut se taire. » Quel courage ? : la force dont on fait preuve chaque fois que l’on sait s’affronter soi-même.

C’est contre le découragement qu’il fait du théâtre et aussi pour la joie de provoquer l’autre au désir et à la curiosité. Et cela en l’invitant à la présence, en lui soufflant : sois-là, davantage, dépêche-toi d’être là.

Vincent Ecrepont avance, têtu et lucide dans le champ théâtral. On jubile devant la virtuosité et la clarté de son écriture. Il savoure le plaisir infini de réinventer ce théâtre de l’intime précis et universel.

Philippe Minyana
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